dimanche 14 octobre 2012

À la faveur de l'automne



          Il y a quelques semaines seulement… La peau hâlée et le cœur léger, tu avais retrouvé tes quinze ans. Un ciel étoilé, un battement d’ailes de papillon, un coucher de soleil pastel ou le sourire d’un inconnu… c’était plus que suffisant pour rêver ta vie et croire dur comme fer au bonheur, le vrai, celui qui se nourrit d’amour, d’eau fraîche et de traces de bronzage.   


          Mais voilà, la félicité a pour méchant travers d’abolir, chez les gens au cœur tendre et à l’utopie facile, toute notion du temps. On le sait pourtant qu’après le beau temps la pluie, et que toutes les bonnes choses ont une fin. Surtout quand elles sont soumises à l’intransigeant calendrier des saisons.


          C’est comme si la vie s’était retournée sur elle-même, comme un k-way réversible, comme si les pôles s’étaient inversés. 

          Tu reprends le boulot, le métro, et tu paies tes impôts. Le dimanche ressemble au lundi, le lundi au mardi, et ainsi de suite. Il fait nuit le matin, le midi et le soir, il fait froid le matin, le midi et le soir, et ainsi de suite.
Le ciel gris déteint sur les bâtiments, qui déteignent sur les gens, qui déteignent sur toi, sur ton quotidien, sur ton moral, s’il t’en reste encore un peu.
T’as beau te forcer à écouter la compagnie créole, rien n’y fait. Tout le monde fait la gueule, les gens sont terriblement laids et sentent terriblement mauvais, le bus n’arrive pas, la gastro rôde et les nez coulent, le temps est long, les plaisirs éphémères. L’automne s’est installé et la routine, la solitude, la déprime, les cernes sous les yeux, avec.
          Tu voudrais sortir, mais tu ne sors pas. Parce qu’il pleut. Tu voudrais faire des projets, mais tu restes en pyjama. Parce qu’il pleut. Tu as envie de pleurer, au boulot, dans le métro, en payant tes impôts. Et aussi, parce qu’il pleut. 
          Rien n’est plus au sec, et toute cette humidité, cette putain d’humidité… a fait muter la sirène de juillet en bolet dépressif d'octobre.

 


  Haut les cœurs ! Dans 8 mois, inch’allah, ça ira mieux.




[Le son qui va bien avec: Dead in the water, de Ellie Goulding.]



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