Hmmm charmante...

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          En anthropologie politique on apprend que certaines caractéristiques sont communes à toutes les sociétés hiérarchisées. Il en est deux que j’ai retenues particulièrement : la domination des femmes par les hommes et les rituels de passage d’une classe d’âge à une autre. Dans notre chère société française très contemporaine, il existe des individus qui assurent la pérennité de ces deux caractéristiques ancestrales et qui, plus prosaïquement, se chargent de te pourrir la vie dès tes 13 ans et pour peu que tu sois née avec un vagin : les relous. J’ai choisis relou par défaut, pour éviter d’être vulgaire, et pourtant ce n’est pas l’envie qui manque.

          Le relou aime les plus jeunes, voire les beaucoup plus jeunes que lui. Ses remarques, ses approches ne doivent surtout pas être apparentées à de la drague. Ce serait comme comparer le pâté de campagne à la gymnastique suédoise en somme.

Les attaques du relou n’appellent quasiment jamais de réponse. il se fait plaisir, souvent en public, en te signifiant que dans sa tête, il fait un tas de trucs avec toi, que ça te plaise ou non. Et d’ailleurs si ça te plaît pas, et ben c’est presque mieux.

          Le relou n’a pas d’âge, il n’a pas d’origine ethnique, il est insatiable, infatigable, diurne et nocturne à la fois, à croire qu’il ne dort jamais. Mais, parce que nous avons une expérience quotidienne des relous, on s'est dit que ce serait peut-être cathartique de les regrouper par grandes familles, avec caractéristiques et réactions à adopter. On sait jamais, ça peut aider, et puis au moins, ça défoule.

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Tentative de classification des relous

du plus courant au plus rare, du plus inoffensif, au plus dangereux. 

Le lascar maladroit et impulsif

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Signes distinctifs : Entre 14 et 25 ans. Toujours accompagné de plusieurs acolytes-avatars, le lascar aime les murs, les halls, les coins de place, les lieux de passage quoi. Le lascar est repérable de très loin, et changer de trottoir ne sert strictement à rien, quand tu es dans son viseur, t’es foutue. Le lascar n’est pas méchant, rarement violent, il est en manque de reconnaissance, il ne connaît rien aux règles de la drague, mais il essaie quand même.

Langage : Le lascar ne badine pas avec la politesse, il ne manque jamais d’user de « Mademoiselle » (en avalant le « de ») ou « Miss » (le lascar est bilingue). Le lascar tutoie et apostrophe, il fait des tonnes de compliments, invente des mots et respecte rarement le passé du conditionnel.

Réactions envisageables : Contrairement à ce qu’on peut penser, il est relativement facile de se débarrasser du lascar. Un sourire en coin, une allure de marche tonique, un merci et une réponse sincère te libère de son emprise rapidement, vite-fait-bien-fait-ni-vu-ni-connu-j’t’embrouille. La méthode du « ouais c’est bon lâche moi connard » est inefficace, et se termine par des insultes qui durent aussi longtemps que la longueur de rue qu’il te reste à parcourir.

 

Le mec de chantier

Signes distinctifs : Entre 20 et 60 ans (enfin, plus depuis la réforme des retraites). Travaille sur un chantier, en extérieur, se rencontre peu en hiver mais a une période d’activité de relou très intense qui s’étend de mars à fin octobre. Le mec de chantier est très sociable, il privilégie la remarque lubrique en présence de ses collègues rougeauds.

Langage : Difficile à caractériser, car le mec de chantier s’exprime du haut de son échafaudage et même si tu sais que la teneur en est très obscène, tu ne comprends que très rarement son discours.

Réactions envisageables : Passer son chemin. Écrire à la société qui l’emploie pour te plaindre, il paraît que ça marche. 

 

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Le blédard

Signes distinctifs : Entre 35 et 89 ans. Très sédentaire, il est attaché au lieu qu’il fréquente : le café-pmu, entre autres nids à fort taux de testostérone. Mais il peut aussi surgir d’une rue, de derrière une voiture, d’un buisson. Tout en étant repérable à des kilomètres, il sait donc se montrer imprévisible. Quelque soit sa stratégie d’approche, il est furtif, discret, il cherche rarement à épater la galerie.

Langage : Il s’exprime généralement en onomatopées ou bruits d’animaux : sifflements, couinements, claquage de langue ou râle. Toutefois, il lui arrive parfois d’user du seul adjectif qui constitue l’étendue de son vocabulaire relationnel avec les femmes : « charmante », qu’il susurrera toujours. Bien sûr, il associe la plupart du temps une onomatopée à l’un de ces deux mots, exemple : « hmmm charmante ».

Réactions envisageables : Passer son chemin. Prendre un air de dégoût grimaçant. Si on est entourée de monde, tenter un petit « pouah répugnant ! » à voix bien haute, ça peut être jubilatoire.

Le relou défoncé

Signes distinctifs : Entre 18 et 35 ans. Porte des lunettes de soleil le soir. Est en manche courte en hiver. Sent l’alcool et a une bière à la main à 15h30, titube. Est généralement seul, et parle à tout le monde, très près et en postillonnant.

Langage : Imprévisible et incompréhensible, la structure grammaticale de ce type de relou varie en fonction de son degré de défonce : parfois il s’adresse à toi, parfois à lui-même, ou à tous-ses-amis-dans-sa-tête, souvent les trois en même temps.

Réactions envisageables : Pas grand-chose, t’es dans la merde en somme. Ne surtout pas dépasser trois mots par phrase de réponse, sinon il pourrait y trouver de bonnes raisons pour t’insulter voire te foutre une bonne trempe, qui semble d’ailleurs être la seule issue qui lui plaise vraiment. Éventuellement espérer que quelqu’un intervienne, ce qui n’arrive jamais, chacun sa merde dans la vie hein. 

Benoît Je-sais-tout-mieux-que-toi

Signes distinctifs : Entre 22 ans et la mort. Se rencontre dans les soirées de potes, auxquelles tu t’y rends pleine d’entrain, sans suspicion aucune. Benoît a tout du gendre idéal : Il maîtrise parfaitement le passé du conditionnel, est en master linguistique épistémologique à Paris 1, et puis bon, c’est quand même le pote de ton pote hein. Parce qu’il a soi-disant tout pour lui, que Benoît est le plus dangereux, il peut tout se permettre.

Langage : Allemand première langue, option latin, supplément grec. Benoît aime les mots alambiqués (tiens en voilà un !), les théories obscures, et surtout, surtout, être seul contre le reste du monde, en l’occurrence : toi. Oui , parce que Benoît est pleutre, il va t’assener sa morale parce qu’il sait que tu viens en paix. Jamais il ne s’attaquera au lascar (cf ci-dessus), sinon il risquerait de faire caca dans son pantalon de velours côtelé.

Réactions envisageables : Pas grand-chose. Lui remplir son verre à mesure qu’il parle, parce que Benoît n’est pas infaillible, il ne tient absolument pas l’alcool. Au mieux, il s’éloignera philosopher avec le soulard le plus proche, au pire, il vomira sur tes pompes.

 

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Ps : Ces relous là évoluent dans les milieux dans lesquels nous avons grandi et évoluons toujours... mais comme dit en introduction, le relou n'a pas de couleur, pas d'origine sociale, religieuse, cette liste n’est donc pas exhaustive, faites vous plaiz ‘à la compléter.

Pps : pour en savoir plus, lire « Les mecs lourds ou le paternalisme lubrique » de Natacha Henry, ma bible.

Ppps : Messieurs et mesdames, quand vous constatez une attaque de relou et que votre position le permet, intervenez. La vigilance citoyenne a parfois de charmants effets.

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